jeudi 14 mai 2020

III : LA FEMME-PAYSAGE


                           




La Femme-Paysage TAHA  est la troisième et dernière figure du panthéon des personnages conceptuels. Quel lien à-t-elle avec notre sujet?
Et bien, si je vous parle de ça, c'est parce que, d'abord, je suis un clandestin de la philosophie, je ne suis pas autodidacte, mais plutôt  un clandestin, qui travaille dans son coin, loin de tous et de tout, ensuite, c'est parce que je pratique, une pensée ARACHNEENNE, d'influence Deleuzienne.
Celà signifie que je tire des liens, c'est-à-dire des sorties de fils, des lignes de fuite de la pensée, de partout, et dans tous les sens, que je fixe, ensuite d'un bout à l'autre, pour les reliés en points de Rencontres, avec ma pensée spirale. C'est une Pensée qui tourne en spirale, formant une toile, comme celle d'une araignée, où chaque point de Rencontre est un point de singularité.  Une Pensée en deux temps, survolant un territoire Topologique, pour piéger, dans sa toile, l'apparition/disparition de L'Être de la Pensée. C' est une continuité, à ma manière bien entendu, de la pensée de Gilles Deleuze. Voilà ce que j'appelle, ma pensée arachnéenne.

La seconde raison si je vous parle de celà, c'est afin, de dégager la vision spacio-temporelle de nos ancêtres préhistorique, car c'est de là , à mon avis, que tout part.

Celà dit notre femme couchée, à pour origine la représentation que se font  nos paysans, aujourd'hui, et se faisaient nos ancêtres primitifs, hier. Cette femme couchée est le Paysage Géographique, où du moins leurs vision  spaciale. Ils s'imaginaient ainsi, debouts, se mouvant sur le corps d'une femme géante, couchée sur le dos.
« Thamourth Atas», ( femme couchée) disaient-ils en langue berbère,  pour désigner la chaîne de montagne de L'Atlas.  Cette Montagne que nous appelons toujours L'Atlas tellien, (Tell Atlas). D'où les Grecs ont imaginé - probablement influencé par nos ancêtres les Berbères - le Titan Atlas, supportant le monde. Le mot grec Atlas dérive peut être de Atas qui signifie  " couché" en langue locale.
Il y a beaucoup d'exemples de ce genre, l'un d'eux est le Mont Chenoi de Cherchel. Il signifie «Femme, enceinte, Couchée tout le long.» Il y a également Yema Ghouraya à Bejaïa, où les autochtones vous désigneraient volontiers les contours féminins de la montagne. Sans parler de nombreux autres endroits de ce genre tout le long de la chaîne de l' Atlas, qui parcourt L'Afrique du Nord, d'Ouest en Est.
Il subsiste, également et toujours, des restes de cette représentation, dans notre parlé local. Par exemple, il y a encore chez nous cette expression : « Si tu pense encore tenir le ciel au-dessous de ma tête, et bien, laisse le tomber.»  Sous entendu, tu n'est pas le Titan Atlas qui tient la voûte du ciel. Cette expression n'est pas fortuite.
Comment se présente cette représentation? Comme vous le savez bien,  chaque peuple à sa représentation spacio-temporelle.
Pour nos primitifs Ghourri, l'espace se présente comme une femme géante couchée, sur une étendue d'eau, ( la mer), tout le long, et sur laquelle, ils, les petits Ghourris circulaient.
Ainsi, par exemple, Le Nord où Dahra représente le Dos derrière lequel on découvrirait la mer ( Mer Méditerranée ) . Le mot Dahra signifie à la fois dos et découvrir, (102).
Le Sud, pour eux c'était la surprise, le mirage appelé Sahara, c'est-à-dire " mirages de sorcière". De nos jours, les fellahs parlent de "maison de sorcière", pour désigner un tourbillon de poussière, où un petit  vent de sable.
De nos jours, des lieux géographiques environnants portent encore, un nom en rapport avec le corps; Draâ pour désigner un endroit surélevé, signifiant bras. Ghaâda pour dire la petite colline, qui veut dire  ; un endroit où L'on s'assoit. Outa représente le cœur de la terre, et le Baten où B'ten, à savoir la meilleure terre, le ventre de la terre, et où on cultive les meilleurs blés. Il y a ainsi, tout un vocabulaire de ce genre,  que déclinent, jusqu'à nos jours nos compatriotes (103).  
Quant à la vision temporelle, elle se présente d'une façon assez originale. Le Futur est imaginé chez nos ancêtres les primitifs Ghourri, comme une graine, susceptible de vous réservez des surprises. Le Présent, c'est ce qui tombe du Ciel. Il est la fécondation, par une Rencontre du Passé (104), qui est enterré sous terre, et c'est de ce même passé que peut venir le futur. À savoir de cette graine, qui està la fois le Passé et le Futur, enfuie sous terre, que pousse, comme une plante, le futur surprenant, fécondé par le présent, à savoir  comme l'eau féconde la graine. Le Passé et Le Futur sont cette Graine, à la fois morte et vivante, que seul L'Eau du Présent est susceptible de faire revivre. C'est La Vision  agricole, splendide du temps. Un jeu subtil d'une RENCONTRE entre La Graine et L'Eau, entre le Ciel et la Terre (105). Le Tout du mythe est exprimé à travers le rite de préparation et de cuisson du Couscous.

(102) «L'espace algérien n'à jamais été enfermé comme L'Égypte à l'intérieur de ses déserts, comme le Maroc derrière ses montagnes, et à toujours connu des échanges commerciaux et des mouvements de population.Ces apports démographiques, culturels, commerciaux, le pays à su les assimiler,les fondre en son creuset rural. » Tiré du livre de Marc CÔTE « L'Algérie où l'espace retrouvé.» Éditions MEDIA-PLUS/ALGÉRIE 1993. Page 19.

( 103) Idem « L'originalité peut-être la plus marquée de cette société est - de notre point de vue - son type de rapport à l'espace: des rapports faits avant tout d'une forte intériorité.» Page 18.

( 104) Idem. « Le passé n'est pas derrière nous, il est sous nos pieds.» ( Proverbe arabe.) Page 15.

(105) « Recevoir un signe, c'est difficile et c'est rare, d'autant plus rare que nous avons plus de connaissances, et d'autant plus difficile que nous nous bornons davantage à vouloir que des connaissances.» Martin HEIDEGGER,««Qu'appelle-t-on penser? Éditions PUF 1973. Traduction de L'Allemand par Alité BECKER et Gérard GRANEL. Page 144.








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