mardi 31 décembre 2019

III : LA FEMME-PAYSAGE

COUSCOUS CYBERESPACE : une œuvre de Hab le hibou



La Femme-Paysage TAHA  est la troisième et dernière figure du panthéon des personnages conceptuels. Quel lien à-t-elle avec notre sujet?
Et bien, si je vous parle de ça, c'est parce que, d'abord, je suis un clandestin de la philosophie, je ne suis pas autodidacte, mais plutôt  un clandestin, qui travaille dans son coin, loin de tous et de tout, ensuite, c'est parce que je pratique, une pensée ARACHNEENNE, d'influence Deleuzienne.
Celà signifie que je tire des liens, c'est-à-dire des sorties de fils, des lignes de fuite de la pensée, de partout, et dans tous les sens, que je fixe, ensuite d'un bout à l'autre, pour les reliés en points de Rencontres, avec ma pensée spirale. C'est une Pensée qui tourne en spirale, formant une toile, comme celle d'une araignée, où chaque point de Rencontre est un point de singularité.  Une Pensée en deux temps, survolant un territoire Topologique, pour piéger, dans sa toile, l'apparition/disparition de L'Être de la Pensée. C' est une continuité, à ma manière bien entendu, de la pensée de Gilles Deleuze. Voilà ce que j'appelle, ma pensée arachnéenne.

La seconde raison si je vous parle de celà, c'est afin, de dégager la vision spacio-temporelle de nos ancêtres préhistorique, car c'est de là , à mon avis, que tout part.

Celà dit notre femme couchée, à pour origine la représentation que se font  nos paysans, aujourd'hui, et se faisaient nos ancêtres primitifs, hier. Cette femme couchée est le Paysage Géographique, où du moins leurs vision  spaciale. Ils s'imaginaient ainsi, debouts, se mouvant sur le corps d'une femme géante, couchée sur le dos.
« Thamourth Atas», ( femme couchée) disaient-ils en langue berbère,  pour désigner la chaîne de montagne de L'Atlas.  Cette Montagne que nous appelons toujours L'Atlas tellien, (Tell Atlas). D'où les Grecs ont imaginé - probablement influencé par nos ancêtres les Berbères - le Titan Atlas, supportant le monde. Le mot grec Atlas dérive peut être de Atas qui signifie  " couché" en langue locale.
Il y a beaucoup d'exemples de ce genre, l'un d'eux est le Mont Chenoi de Cherchel. Il signifie «Femme, enceinte, Couchée tout le long.» Il y a également Yema Ghouraya à Bejaïa, où les autochtones vous désigneraient volontiers les contours féminins de la montagne. Sans parler de nombreux autres endroits de ce genre tout le long de la chaîne de l' Atlas, qui parcourt L'Afrique du Nord, d'Ouest en Est.
Il subsiste, également et toujours, des restes de cette représentation, dans notre parlé local. Par exemple, il y a encore chez nous cette expression : « Si tu pense encore tenir le ciel au-dessous de ma tête, et bien, laisse le tomber.»  Sous entendu, tu n'est pas le Titan Atlas qui tient la voûte du ciel. Cette expression n'est pas fortuite.
Comment se présente cette représentation? Comme vous le savez bien,  chaque peuple à sa représentation spacio-temporelle.
Pour nos primitifs Ghourri, l'espace se présente comme une femme géante couchée, sur une étendue d'eau, ( la mer), tout le long, et sur laquelle, ils, les petits Ghourris circulaient.
Ainsi, par exemple, Le Nord où Dahra représente le Dos derrière lequel on découvrirait la mer ( Mer Méditerranée ) . Le mot Dahra signifie à la fois dos et découvrir, (102).
Le Sud, pour eux c'était la surprise, le mirage appelé Sahara, c'est-à-dire " mirages de sorcière". De nos jours, les fellahs parlent de "maison de sorcière", pour désigner un tourbillon de poussière, où un petit  vent de sable.
De nos jours, des lieux géographiques environnants portent encore, un nom en rapport avec le corps; Draâ pour désigner un endroit surélevé, signifiant bras. Ghaâda pour dire la petite colline, qui veut dire  ; un endroit où L'on s'assoit. Outa représente le cœur de la terre, et le Baten où B'ten, à savoir la meilleure terre, le ventre de la terre, et où on cultive les meilleurs blés. Il y a ainsi, tout un vocabulaire de ce genre,  que déclinent, jusqu'à nos jours nos compatriotes (103).  
Quant à la vision temporelle, elle se présente d'une façon assez originale. Le Futur est imaginé chez nos ancêtres les primitifs Ghourri, comme une graine, susceptible de vous réservez des surprises. Le Présent, c'est ce qui tombe du Ciel. Il est la fécondation, par une Rencontre du Passé (104), qui est enterré sous terre, et c'est de ce même passé que peut venir le futur. À savoir de cette graine, qui està la fois le Passé et le Futur, enfuie sous terre, que pousse, comme une plante, le futur surprenant, fécondé par le présent, à savoir  comme l'eau féconde la graine. Le Passé et Le Futur sont cette Graine, à la fois morte et vivante, que seul L'Eau du Présent est susceptible de faire revivre. C'est La Vision  agricole, splendide du temps. Un jeu subtil d'une RENCONTRE entre La Graine et L'Eau, entre le Ciel et la Terre (105). Le Tout du mythe est exprimé à travers le rite de préparation et de cuisson du Couscous



(102) «L'espace algérien n'à jamais été enfermé comme L'Égypte à l'intérieur de ses déserts, comme le Maroc derrière ses montagnes, et à toujours connu des échanges commerciaux et des mouvements de population.Ces apports démographiques, culturels, commerciaux, le pays à su les assimiler,les fondre en son creuset rural. » Tiré du livre de Marc CÔTE « L'Algérie où l'espace retrouvé.» Éditions MEDIA-PLUS/ALGÉRIE 1993. Page 19.

( 103) Idem « L'originalité peut-être la plus marquée de cette société est - de notre point de vue - son type de rapport à l'espace: des rapports faits avant tout d'une forte intériorité.» Page 18.

( 104) Idem. « Le passé n'est pas derrière nous, il est sous nos pieds.» ( Proverbe arabe.) Page 15.

(105) « Recevoir un signe, c'est difficile et c'est rare, d'autant plus rare que nous avons plus de connaissances, et d'autant plus difficile que nous nous bornons davantage à vouloir que des connaissances.» Martin HEIDEGGER,««Qu'appelle-t-on penser? Éditions PUF 1973. Traduction de L'Allemand par Alité BECKER et Gérard GRANEL. Page 144.


II - L A M A I N

Autoportrait : œuvre de Hab le hibou 




                             


Mon second personnage artistique devenu conceptuel; c'est la Main, où plutôt L'Être de la Main (99). La Main que les Ghourris nous ont laissés sous forme d'empreintes, sur les parois des monts de L'Atlas (100).

Toute œuvre de la main, nous dit Heidegger, repose dans la Pensée (101). En  faisant Ad-venir L'Être de la Main en montrant vers ce qui se retire du retirement, Ghourri, montre pour mieux dé-montrer Le Monstre - le Monstre vivant, où du vivant - qu'il était. Dé-Monstrer, c'est-à-dire passer du monstre au démon: « Les démons ces habitants sacrés de la terre, bons, secourables, gardiens des mortels.»,  nous dit Platon dans son dialogue CRATYLE, 397d- 398b, et d'ajouter un peu plus loin, que tout homme de bien est de nature démoniaque ( 398b-398c, page 414).
Son Être de la main parle dans ses gestes silencieux (102). Sa pensée silencieuse, parle et dit de la main son Percept; à savoir L'Empreinte laissée sur la roche.
C'est à la fois L'Empreinte de la main et celle de la pensée; où  la main qui pense.  
Le saut dans l'empreinte de la main, nous conduit a reprendre La Rencontre des deux forces évoquées précédemment.
Quelle est la force inconnue que rencontra en l'homme, la force du vivant? Ce n'est pas à proprement parlé, une force, mais le négatif d'une force.
La Force du Vivant Rencontre son Double négatif, à savoir La Non-force du Disparaissant. Cette Rencontre donne naissance, à son à tour cette fois-ci, à La Force de L'Existant, qui se manifeste par L'ad-venir de L'Être-étant.
La Force du Vivant donne à vivre, puis à  meurt en Disparaissant, tandis que La Force  de L'Existant, elle, donne à Penser; c'est-à-dire à exister dans et par L'Être-étant,  puis à mourir, non pas en disparaissant,, mais à mourir, dans la Conscience  De La Mort; en Mourant. La Mort devient L' être de la main du primitif Ghourri, parle dans le Cri de son empreinte, tandis que son être de la pensée, s'exprime dans le Dire de sa parole.
conscience dans L' Existant.
Mais qu'est-ce qui a fait L'Homme ? Qu'est-ce qui a fait Ad-venir L'Être-étant?
Le changement du climat à fait L'Homme. Le changement du climat à permit un changement de milieu, avec ses adaptations et et évolutions. L'homme, à savoir le vivant avant L'Homme,  avait ainsi développé pour s'y adapter, le mode alimentaire carnivore,  la position debout, la vision, la main et enfin la faculté de son intelligence, ce qui fait qu'il avait développé un peu plus que les autres vivants le cerveau. C'est le Cerveau et sa complexité Topologique qui a permit à L'Homme la RENCONTRE de la Force du Vivant et de son Double, la Non-force du Disparaissant.  
Cette Rencontre à donné naissance à  la Force de L'Existant, qui s'était manifesté en ad-venant dans L'Être-étant. Ainsi, Le vivant pré- pensant (ici je parle de l'homme avant L'Homme.) , prend conscience de son saisisement de L'Être-étant, dans son retrait du
retirement. Dans son double saisisement, le vivant pré-pensant - c'est-à -dire l'homme avant L'Homme , où un Déjà-Là Homme -, saisi, à la fois par Le Cri de La Main, et par Le Dire de La Parole, L'Être dans son existant, qui fit de lui : L'Homme.
Le vivant pensant devient ainsi L'Homme. L'Homme qui par sa faculté Topologique du Cerveau, fit Ad-venir la Force de L'Être existant ( à savoir  l'étant).
L'Homme qui crie de la Main le saisisement de L'Être-étant. Voilà pourquoi et comment primitif Ghourri nous a laissé, sur les parois de la roche, ses traces de cris nous disant : «J'ai saisis L'Être-étant,  je pense! en lui ! »  « J'ai conscience de La / Ma Mort; c'est L'Existence !»
Cependant, La Main, à savoir son empreinte, ici, semble nous crier autre chose. Elle semble nous dire  ceci: « L'Homme est Cerveau» Il est tout entier cerveau, il n'y a pas que son cerveau qui est Le Cerveau, mais son corps entier, son âme entier.
Résumons: L'homme, avant d'être Homme avec un grand «H», était un vivant parmi les vivants, comme les plantes, les animaux,  et que sais-je encore . Mais un vivant pas comme les autres, à savoir un vivant  que l' adaptation au changement du climat, lui avait permit de développer son cerveau. À ce moment là, il était disant un vivant pré-pensant, c'est-à-dire un vivant avec un Déjà-Là de pensée. C'est alors que son Cerveau super développé, permit La Rencontre Topologique de La Force du Vivant avec son Double négatif La Non-force du Disparaissant. Cette Rencontre Topologique  donna naissance à une nouvelle force, celle dite de L'Existant. Cependant, cette dernière force fait Ad-devenir un quelque chose de spécial; à savoir L'ÊTRE. Et L'Être n'est pas une chose inerte, La RENCONTRE de cet Être-étant de la Force et de son Double, En  ce vivant pré-pensant  - l'homme avant L'Homme - fit prendre conscience,  d'une façon définitive, à ce vivant qui devient un Être Pensant;  c'est-à-dire qui devient L'Homme.
morte, mais un Existant, un étant, qui ne peut être qu'en étant, en existant.
L'Homme rencontre l'Être en lui-même, et prend conscience de lui-même, du Monde et de sa finitude; à savoir sa propre Mort, à travers le saisisement de L'Être-étant. La Mort devient pour L' Homme Le Mourant, à savoir L'AUTRE de la Rencontre: L'Être et La Mort.
Ce saisisement de L'Homme s'est fait à travers deux moyens, Le Dire de la Parole et Le Cri de La Main. Et toute empreinte de la Main de L'Homme, qu'il soit préhistorique ou moderne,  laissée sur une surface, est un Cri du saisisement de L'Être, c'est pour celà que la Peinture, pour moi, est Un Cri de Conscience.


(99) « C'est en tout cas un travail de la main.» Il parle ici de penser. Écrivait Martin HEIDEGGER dans son livre  « Qu'appelle-t-on penser?» Pages 89/90. Et il ajoute dans la même page: « Seul un être qui parle, c'est-à-dire pense, peut avoir une main et accomplir le travail de la main. » (page 90).

(100) Voir empreintes de mains, dans la grotte de Hadjrat Sidi BOUBAKEUR dans L'Atlas Algérien. De Ginette AUMASSIP « Trésors de L'Atlas» aux Éditions Entreprise Nationale du Livre - ALGER. 1986. Page 110. Une soixantaine de mains côté  à cote.

(101) HEIDEGGER, idem. Page 90.

(102) «L'espace algérien n'à jamais été enfermé comme L'Égypte à l'intérieur de ses déserts, comme le Maroc derrière ses montagnes, et à toujours connu des échanges commerciaux et des mouvements de population.Ces apports démographiques, culturels, commerciaux, le pays à su les assimiler,les fondre en son creuset rural. » Tiré du livre de Marc CÔTE « L'Algérie où l'espace retrouvé.» Éditions MEDIA-PLUS/ALGÉRIE 1993. Page 19.




 



GILLES DELEUZE DISAIT DANS SES COURS...

« Non seulement le verbe être existe en grec, mais il existe à la base de tous les formes verbales.» ...«La philosophie est fondamentalement liée à un langage et à un espace grec.»

Gilles DELEUZE

PARLER C'EST SE RENCONTRER


Le premier homme à parler, Ghourri avait fait Être, en parlant. Il avait parlé.   Ce qui fait qu'il avait Rencontré La Pensée Dans (à l'intérieur de...)  La Parole. Car pour parler, il faut avoir fait Sa Propre Rencontre. En se Rencontrant Ghourri sort de, et/ou renonce à la Vie, en tant que vivant comme les autres êtres vivants, les animaux, les bêtes, et il entre en plein  Parler c'est donc «Exister» , et existé c'est Être.  L'Être ne peut être qu'en étant, qu'en existant. Ghourri à fait Être par le Verbe Être son étant parlant, dans sa première Parole; à savoir dans La Parole Initiale. En faisant Être son étant parlant, Ghourri Est affecté par cet Être,  et L Être, étant de cet Être,  lui donne le plusà Penser.
dans l'Existence; L'Existence de Son Être. D'un vivant il Est.
C'est le premier moment du monde où L'Homme Est;   Parle, Pense et Existe dans son Être, étant. L'homme Ghourri existe au milieu des vivants.
Les animaux vivent, mais nous nous vivons et existons en même temps.
Cette  Rencontre avec Nous-Même,  nous à fait voir, le monstre.
Le Monstre que nous Monstrons ( montrons du doigt ) , à savoir les autres animaux, les autres bêtes, les autres monstres, et en même temps, elle nous à fait voir nous-mêmes, à savoir le Monstre qui est en nous, car nous sommes des Monstres. Parler c'est Dé-Monstrer ce Monstre, c'est-à-dire  en faire de ce monstre un Démon au sens positif, de Platon. Dé-Monstrer c'est « Penser» contre le Monstre que nous sommes, pour le rendre sociable, plus familier, plus proche; pour finalement en faire un fils- un amant- un ami (97), comme l'ont fait les Grecs. Parler c'est aussi Dé-Monstrer La Vie, car sans la Parole, celle-ci serait Monstrueuse, à savoir Monstrueusement Réelle (98).
Parler c'est aussi Spacialeté le Monde Monstrueusement Réel, par nos constructions, en faire un Monde et une Vie où l'on puisse exister  ;   à savoir construire notre monde par le travail, par exemple, par  nos idées, par notre littérature, nos arts, notre architecture, nos techniques, notre technologie, par  notre science, et notre savoir faire, en faire un Monde Habitable, dans une Vie Respirable. Parler c'est créer L'Habitude du Respirable de L'Existence.
Ainsi, le vivant ( homme ), par sa parole, à dit L'Être, et L'Etre, par son don d'exister ( étant), à fait être L'Homme, en lui donnant le plus à Penser.
La RENCONTRE en l'homme, de la Force du Vivant, et de la Force encore inconnue,  fit Ad-venir  L'ÊTRE-étant, en le libérant à par  Le Dire du verbe Être et celà, comme Parole lui donnant  ( donnant à l'homme)  ainsi le plus à Penser. L'Être est Accident révélé de la RENCONTRE - De la Rencontre comme pure contingence -.
En Mon(s)trant du doigt, Ghourri à Dé-Mon(s)tré du Cri L'Être du Monstre de la bête, de l'animal,  qu'il  fit Ad-venir au monde, par ce Cri -même, devenu Le Dire de la Parole Initiale de L'Être-étant.  

(97) La Philosophie.


(98) « ... en ce sens quand on parle, c'est une autre vie que quand on ne parle pas.» Gilles DELEUZE. Cours sur le Cinéma: Image-Pensée. Du 22/01/1985 Cours numéro 76-3. Université de Paris VIII.




dimanche 29 décembre 2019

LA SPIRALE COMME PENSÉE


« La  représentation graphique de la spirale indique que quelque chose tourne dans son cerveau.
Voilà pourquoi de nos jours,  les fellahs et biens d'autres personnes, disent encore,  pour exprimer, qu'ils sont entrain de  penser ; « J'ai une idée qui Tourne dans la tête.»
L'idée qui Tourne dans la tête du  Ghourri, c'était d'essayer d'entrer, en contact par le mental, avec les animaux observés dans la savane, toute à l'heure, et ce  pour pouvoir s'en emparer. C'est le procédé logico-magique, qu'il avait trouvé. Une idée, où plutôt un Intuicept, qu'il exprimait sous forme de spirale gravée ; à savoir un Déjà-Là du Concept. Pour concrétiser cet Intuicept, il lui fallait faire un tour de passe-passe  mental. »

Hab le hibou

LA PENSÉE LOGICO-MAGIQUE.


L'origine  de notre espèce, remonte selon le zoologiste  Desmond MORRIS (88) à un groupe de primates issus de mammifères insectivores, et celà bien avant cinquante à quatre-vingts millions d'année.  Ils devinrent un peu plus tard des pré-singes ( 89) pour évoluer finalement en singes et quittèrent les forêts.  Ce qui fait, qu'il leur à fallu s'y adapter pour devenir carnivores. A ce stade, ces primates ont déjà développés fortement La Vue, pour distinguer la couleur des fruits mûrs, dans les arbres. Ils ont également dégagés une Main, afin de s'en saisir.
En quittant les forêts, ils ont ensuite, développés à son tour,  la position verticale en vue de mieux se défendre et pouvoir marcher, courir et chasser. Les conséquences de cette  marche, de cette course et cette chasse ont  rétrécit les bras et spécialisés encore plus et mieux la main. Tous ces évolutions et ces bouleversements physiologiques et environnementaux du singe nu,  ont permis à son cerveau de mieux se structurer et développer des moyens cognitifs plus évolués, pour penser.
Son évolution se poursuivait avec le besoin de s'abriter, de se chauffer, de s'habiller , de se défendre, de chasser plus souvent pour se nourrir,  et de constituer des stocks, pour prévoir les jours mauvais, par exemple. Ce qui fait, qu'il allait favoriser de plus en plus ses capacités mentales, et développer son mode de penser.  Il devient ainsi, un singe territorial ( 90),  et finalement un singe infantile;  passant ainsi par un processus appelé
néoténie, (91) avec une  croissance lente du cerveau. « En un seul coup de néoténie, si j'ose dire, il ( le singe nu ) a pu acquérir tout à la fois le cerveau qu'il fallait et le corps qui l'accompagnait.» écrit toujours le Zoologiste Desmond MORRIS  dans son livre (92). Voilà comment s'est fait, grosso modo, l'évolution de notre cerveau, et avec elle notre intelligence.

Faisant un saut à présent à notre Ghourri local, que nous retrouvons dans sa savane du Hoggar, entrain de chercher à se représenter le Monde.
Notre Ghourri observe  d'abord attentivement, le grouillent environnant des animaux dans ce vaste territoire, exactement comme dans la gravure de la page 347, du catalogue d'Henri LHOTE,  en l'enregistrant avec les yeux, comme si s'était une sorte de caméra, et ce afin de mémoriserles les moindres détails.
Après celà,  il va sur la paroi d' une grotte, et reproduit ce spectacle en le dessinant où en leùgravant. Cependant ses dessins et gravures ne reproduisaient pas tout. Ils omettaient les détails du décor. Ainsi, on peut constater l'absence totale,  d'éléments statiques constituant les paysages de cette époque préhistorique; comme par exemple, la reproduction des montagnes, des grottes, des lacs, des rochers, des arbres , des touffes d'herbe, où des fleurs. Le Ghourri ne repriduisait que celles qui ont un rapport avec le mouvement. Il semble que les montagnes, les arbres et tout le reste, n'attiraient pas son attention. Pourquoi?
Et bien, parce que,  chez les singes,  nous dit MORRIS, la nourriture est là (93) ,  toute prête à être cuille, alors que pour les carnivores, il faut  traquer longtemps sa proie,  afin de pouvoir la capturer. Elle est mouvante,  fatigante et dangereuseà chasser.Elle est pour lui aussi  dangereuse que captivante, à la fois.  Elle ne se laisse pas faire si facilement. Notons qu'elle constitue sa principale source de nourriture et d'équipement. Ce qui fait que Ghourri est particulièrement fasciné par cette proie; faite de bovidés, d'autruches, de girafes, d'éléphants et de chiens, qu'il côtoie particulièrement, pour les chasser, mais n'est pas intéressé par le décor.  
Il n'est pas aussi au stade de balisage de son territoire, par de tels repères, du moins pas dans ce cas-ci.  Justement, l'homme préhistorique Ghourri, était très imaginatif, et libre de projection (94), car il n'était pas encore balisé par les acquis de la logique et de son temps monochrome ( 94).
Comme Il n'à aucun pouvoir sur cette faune et ne peut la capturer que très difficilement, alors il n'à que son imagination pour s'en sortir. Alors, il tente l'inimaginable. Pousser à bout son imagination; C'est-à-dire faire en sorte que  son imagination poussait  à ses limites, force à penser ce qui dépasse l'imagination;  à savoir faire émerger le sublime d'une projection cinématographique  avant le Cinéma.
C'est après avoir peint où graver ses fresques, qu'il eut une idée. Bizarrement, il senti une espèce de spirale tournait dans sa tête, qu'il fixa aussitôt sur la paroi, séparée et bien distincte au-dessus de sa fresque animalière. Ainsi, sans le savoir, Ghourri est entrain de représenter graphiquement,  les deux mondes que son cerveau met en contact de façon topologique, entre le monde extérieur  RÉEL, des animaux  et son monde intérieur TOPOLOGIQUE, à lui. Le Monde ici, est bien Sa Représentation, comme l'affirme Schopenhauer.
La  représentation graphique de la spirale indique que quelque chose tourne dans son cerveau.
Voilà pourquoi de nos jours,  les fellahs et biens d'autres personnes, disent encore,  pour exprimer, qu'ils sont entrain de  penser ; « J'ai une idée qui Tourne dans la tête.»
L'idée qui Tourne dans la tête du  Ghourri, c'était d'essayer d'entrer, en contact par le mental, avec les animaux observés dans la savane, toute à l'heure, et ce  pour pouvoir s'en emparer. C'est le procédé logico-magique, qu'il avait trouvé. Une idée, où plutôt un Intuicept, qu'il exprimait sous forme de spirale gravée ; à savoir un Déjà-Là du Concept. Pour concrétiser cet Intuicept, il lui fallait faire un tour de passe-passe  mental.
C'est-à-dire , Penser fortement à ses êtres mouvants, à ses animaux, gravés sur la roche, afin de pousser son imagination à ses limites, et ainsi forcer sa propre imagination à atteindre le Sublime (95), à savoir le Tout  de la projection mentale d'images cinématiques de ce spectacle vécu, et pouvoir, enfin, atteindre magiquement ses proies. Une sorte de cinéma avant l'heure, juste par la pensée.
Ainsi, Ghourri avait un Intuicept, de L'Être-étant. Autrement dit, il avait compris avant de comprendre, qu'il y avait logiquement quelques parts, quelque chose comme de : L'Etre, qui ne peut être qu'en étant, c'est-à-dire qu'en existant, et qu'il (lui le Ghourri) ne peut le fait ad-venir qu'en faisant  une projection mentale, où  plutôt une sorte de cinéma mentale.
Il y a ici, une part logique et une part magique de sa pensée entremêlées et difficilement dissociables.
C'est ce que Le Ghourri nous exprime à travers ses spirales gravées; cette sorte de pré-écriture.  
Pour lui,  la spirale simple signifie «Avoir une idée» , du genre « J'ai  Un Intuicept».  C'est-à-dire Un DÉJÀ-LÀ de l'intuition et Un PAS-ENCORE du concept. C'est celà un Intuicept:  il Est entre un Déjà-Là et un Pas-Encore.
Par contre, les spirales doubles et celles plus complexes, expriment elles, carrément l'image Topologique de la Pensée  préhistorique entrain de se faire, sous nos yeux (96) .  C'est celà  ce que j'appelle ; La Pensée Primitive Logico-magique.




(88) « Le groupe des primates auquel appartient le singe nu ( c'est-à-dire l'Homme), est issu, à l'origine, d'une famille d'insectivores primitifs...» Page 16.  Nous affirme Le Zoologue Desmond MORRIS, dans son livre « Le singe nu » , traduction de l'Anglais par Jean ROSENTHAL, Éditions GRASSET1968.  

(89) Idem, Voir le paragraphe de la page 17.

(90) Idem. Voir page 22.

(91) Idem. Voir page 33.  

(92) Idem. Voir page 35.

(93) Idem. Voir page 29.

(94) Voir  le chapitre sur l« 'homme, être de projection  pages 31 à 45. De  « Monochrome», à la  page 22, du livre de Edward T. HALL « Au-delà de la culture.» Traduction de l'Anglais par Marie-Hélène HATCHUEL, avec le concours de Florence GRAËVE. Éditions du SEUIL. 1979.

(95) Voir cours de Gilles Deleuze sur « Le Cinéma: L'Image-Pensée.» du 15/01/1985. numéro 72.

(96) Voir la gravure et son commentaire des pages 346/347 du catalogue d'Henri LHOTE. « Les gravures rupestres de L'Oued Djerat.» ( Tassili-n-Ajjer) 1975. Aux Éditions du Centre de Recherches Anthropologiques Préhistoriques et Ethnographiques - ALGER. Tome I.



LA PENSÉE-CINÉMA GHOURRI


« C'est aussi, sa façon de nous dire qu'il y a Mouvement dans  Pensée. Qu'elle n'est pas simple, car elle nous fait tourner la tête, un peu. Qu'elle peut se trouver même chez les animaux.  Il faut faire l'effort donc, de déclencher cette Pensée-Cinéma, par notre imagination, si nous voulons Ghourri.
Rencontrer L'Être dans son étant. C'est celà la PRE-SUBJECTIVATION Du GHOURRI.»

Hab le hibou


PRÉ-SUBJECTIVATION DU GHOURRI



En examinant attentivement les gravures rupestres du Oued Djerat, dans le Tassili-n-Ajjar,  rapportées par Henri LHOTE, ( 79)  je constate la représentation d'une, voir peut être de deux tribus, vivants à la période dite Bubaline ( 10.000 ans environ ) (80). La première tribu nettement identifiée et celle zoophorme des Chiens (81). Ces Ghourri cynomorphes, pratiquant des rites orgiaques particuliers. Ainsi , de multiples gravures à traits bien nets, figurant des femmes en position d'orante, qui sont pénétrées d'un énorme phallus masculin (82) , forment un grand nombre de gravures de cette période. Cette même tribu semble pratiquer la chase et très probablement la guerre,  à l'aide  d'arcs et de flèches. La seconde tribu, moins évidente car moins nettement représentée, si ce n'est pas la même que celle des Chiens, semble très probablement, former une tribu rivale. C'est la tribu des Lièvres (83). Elle semble également pratiquer les mêmes orgies de la même  sexualité religieuse.

Mais La Rencontre DU Monde, qui avait fait la Pré-subjectivation du Ghourri de cette tribu, semble pour moi, celle de  la représentation des spirales.
Si l'on observe bien certaines gravures, on constate que le "Ghourri" de cette époque, représentait ses idées, où du moins la pensée, où le fait de penser par des spirales;  simples, où doubles, voir parfois complexe. Elles sont gravées soient isolées seules sur une paroi, soient au-dessus de la tête de ce qui semble un être humain ( 84) ,d' homme où de femme, où au-dessus de celle  d'un animal.  Ce dernier semblerait pour ces primitifs,  un animal intelligent, astucieux où malin où quelque chose de ce genre. Ce qu'ils semblent l'affirmer, par cette illustration.
Par exemple, la figure numéro 898 représentant un hippopotame, au-dessus duquel est gravée une spirale, où celle au-dessus d'un bovidé numéros 1405 et 1406. Mais la plus explicite est celle du numéro 1339, avec une triple spirale, bien reliée par un long trait,  à la tête d'un bovidé.  Ainsi nous sommes bien en présence d'une phase de PRÉ-SUBJECTIVATION du Ghourri. Celui-ci en Spacialisant le Monde dans sa grotte par L'Image. Il représente ainsi  tous ses animaux;  comme l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopotame, le lion, la gazelle, l'autruche, l'antilope, le bovidé, et le chien. Ce qui fait qu'l  dresse d'une part,  une sorte de fresque, une sorte de carte de son environnement inventorié à sa manière .  D'autre part, il en fixe une Image Ana-logique qui lui permet dans un jeu de miroir, c'est-à-dire dans un jeu  de va-et-vient entre le Percept et l'Affect;  de le mener  directement au Concept, et au sublimé esthétique selon Kant.
« Ce trait ne semble pas un collier...» nous affirme LHOTE lui-même dans sa description (85).  Ce qui fait que, je peux ajouter que  c'est bien le symbole d' un lien, mais d'un lien particulier; à savoir celui de la  Pré-subjectivation de la Pensée primitive.
Ce Choc Noétique donne à penser au Ghourri ( primitif de la tribu des Chiens) une autre forme d'Image, à savoir non plus une image Ana-Logique où son objet de ressemblance est tel où tel animal graver sur la roche, tel où tel geste fixe , tel où tel personnage de la tribu des Chiens figé à jamais sur les parois de la grotte, mais bien un spectacle vivant, suscité  par le pouvoir de L'Imagination Ghourri. C'est une pensée primitive, logico-magique.
Cette pensée est une Rencontre de L'Être non plus figé, sans son étant,  mais bien existant; c'est-à-dire Étant.  C'est ce que semble avoir acompris le Ghourri. Ces primitifs avaient donc fait cette Rencontre Au Monde, ce qui implique, donc qu'ils avaient le Pouvoir de Penser. Autrement dit, ils ont su, comment parvenir à faire être L'Être dans son Étant.
Grâce à la faculté de leur imagination, ils parviennent ainsi, à déclencher une sorte de projection pré-cinématographique de ces images fixes. Ils  parvient à déclencher une pensée cinématique (86), qui fait être L'Étant dans son Être.  À savoir ces mêmes images fixes se mettent en mouvement, par le pouvoir de leur imaginaire, en défilant dans une modulation réaliste (87) d'un cinéma avant l'heure.
Ce n'est pas pour rien que Ghourri représente ce mouvement de la Pensée par une ellipse. Pour lui la Pensée, tourbillonne dans notre tête, exactement comme une spirale. C'est sa propre Image Topologique de la Pensée, qu'il nous transmet.  
C'est aussi, sa façon de nous dire qu'il y a Mouvement dans  Pensée. Qu'elle n'est pas simple, car elle nous fait tourner la tête, un peu. Qu'elle peut se trouver même chez les animaux.  Il faut faire l'effort donc, de déclencher cette Pensée-Cinéma, par notre imagination, si nous voulons Ghourri.
Rencontrer L'Être dans son étant. C'est celà la PRE-SUBJECTIVATION Du GHOURRI.

(79) Henri LHOTE, «Les gravures rupestres de l'Oued DJERAT » ( Tassili-n-Ajjer). Publication du Centre de Recherches Anthropologiques Préhistoriques et Ethnographiques - ALGER. Tome I et II 1975.

(80) Noureddine SAOUDI « Les temps préhistoriques en Algérie.» Éditions DALIMEN 2002. Page 86.

(81) Voir Tome I du catalogue d'Henri LHOTE. Nombreux figures  à tête de chien, dont les plus représentatives sont les numéros 1165, 1265, 1316, 1328, 1459 etc.

(82) Voir scène orgiaque de la figure numéro 372  et 377. Pour les positions d'orante voir figures numéros 1094, 1161, 1393 et 1394 etc. Toujours dans le Tome I du catalogue de LHOTE.

(83) Il me semble avoir identifié une autre tribu, celle des Lièvres. Voir figures numéros 959, 1138, et 1159. Tome I, idem.

(84) Voir Spirale simple au-dessus de la tête d'une figure humaine, numéros 1265 et 1266. Idem Tome I.

(85) Voir  Pages 386/387,  du Tome I du catalogue de LHOTE.

(86) L'idée cinématique de mouvement est largement représentee à travers divers gravures; comme par exemple, les figures numéros 514, 617, 796, 840, 834/835, 992/993 et bien d'autres. Les uns d'une façon explicite, les autres moins. Idem. Tome I.

( 87) Voir cours de Gilles Deleuze, sur le Cinéma: Image-Pensée., du 08/01/1985, numéro 74- 1.

GILLES DELEUZE DISAIT DANS SES COURS...

« ...on appellera la conversation philosophique celle où surgit le paradoxe qui désigne une certaine puissance. Une certaine puissance ou une certaine impuissance ?

Gilles Deleuze Spinoza cours du 02/12/80 - 1


samedi 28 décembre 2019

SECONDE PARTIE : LES PERSONNAGES CONCEPTUELS

Cosmogonie de Ghourri par hab le hibou



                     

                I - LE GHOURRI ET SA PENSÉE LOGICO-MAGIQUE



Dans ma représentation artistique, apparaît  la figure esthétique  du « Ghourri»;  le primitif, l'homme préhistorique,à travers lequel je m'exprimais. C'est ma puissance d'affect-percept, décrite par Gilles Deleuze dans son livre « Qu'est-ce que la philosophie? (68). Un Déjà-La de mon cheminement vers la philosophie, que je reprend, ici, à nouveaux frais, mais cette fois-ci, comme personnage conceptuel (69).

Dressant donc le décor. Nous sommes dans la préhistoire, quelques parts, sur les hauteurs de l'Atlas, par exemple où dans la savane du Hoggar;  Ghourri, le primitif, fait sa Rencontre Au Monde.
Il est fortement impressionné par toute ce foisonnement d'animaux, de plantes, de mouvements, de cris, de grognements, d'odeurs, de couleurs, de chaleurs, de froids, de vents, de tonnerres, d'éclairs, de pluies, de neiges,  de lumières, et que sais-je encore, à l'infinis. Dans un premier temps, il cherche en primitif qu'il est, à montrer - Monstrer dirait Heidegger - en poussant de faibles grognements, tout en regardant. C'est aussi et en même temps, la phase de la pensée de la main qui s'exprime; un Déjà'Là du déjà-là , où Ghourri n'est plus un animal comme les autres , car quelque chose réfléchit en lui (70); son Image-Conscience se révèle, dans l'imagination en marche.
Ensuite, il tenté de saisir de la main " la chose", afin de la porter à sa bouche, pour la tester, la goûter, la manger, la dévorer, l'assimiler comme force et connaissance. Cependant,  il ne peut pas le faire. Il fait celàjuste  dans l'air, impuissant d' y arrivé.  Frustré, il commence à pousser des " Euh! Euh! " d'étonnement, de déception et de colère. Enfin, il pousse de grands cris. C'est l'affection au sens spinozien du terme,  d'un  Pré-Parler.
Son premier besoin, était très probablement, pouvoir saisir la chose, pour l'assimiler. Ne pouvant le faire, il compense sa frustration,  par la puissance de son imaginaire, et ce en créant par la bouche,  une sonorité, une Copie de et par la sonorité, de la chose même. Ensuite de poser cette chose sonore  devant soi,  dans le simple but de s'en saisir magiquement, dans un premier temps, et ce afin de pouvoir s'en emparer plus tard.
Saisir par la chose sonore, c'est-à-dire par le mot, par le dire, par la Parole; c'est la seconde affection;  celle du Parler. Cette  affection du Parler est celle qui permet de Poser-Pour-Dire et Dire-Pour-Poser ( le Λέγειν - Νοεΐν).
Ghourri passe ainsi, de l'affection du Pré-Parler, à celle du Parler, par la durée de l'Affect (71), en augmentation de puissance. Bien sûr entre les deux affections, il y à cette  durée de l'affect qui prend le temps d'adaptation et de maturation nécessaire qu'il fallût.  
Ce temps est passé, très probablement, par les différents phases, de représentations et d'expressions, dont celles des dessins et peintures de ce que nous appelons, l'art préhistorique, où le Ghourri (72), avait expérimenté le poser-pour-dire et le dire-pour-poser,  à travers ses divers systèmes d'expressions, telles que  les graffitis, par exemple,  les pictogrammes, les dessins, et les peintures, et que sais-je encore par des musiques, des chants, et des danses, afin de s'exprimer; c'est-à-dire Parler sans parler en parlant autrement pour dégager le Parlé du parlant et  Dire les choses dans l'usage d'un langage . Là, entendons nous bien,  nous sommes dans  Le Déjà-Là d'avant toutes langues où langages; à savoir entre le Pré-Parler et le Parler; entre le cri et le premier mot, là où naît la première pensée. Le point initial du Parler/Penser, et de son parlé/pensée.
En posant-pour-dire et en disant-pour-poser, Ghourri fait ÊTRE par le verbe Être, prononcé pour la toute première fois (73). Et c'est là , où  L'Être qui a travers son Déjà-Là  D'Être-étant  ( έόν - έμμεναι ) garde l'Être dans son étant, car L'Être ne peut être qu'en étant.
En faisant Être, il accède à la Topologie de la Pensée (74), par le Don que lui donne L'Être; à savoir le don, dans un premier temps, de la possibilité de penser.

Soudain et dans le même jour peut être, qui sait, Ghourri assiste impuissant à la mort d'un des siens , dévoré sous ses yeux, par un lion. Ghourri en fût tout bouleversé. Attristé, c'est-à-dire qu'il est entrain d'expérimenter cette fois-ci, un autre affect, celui de l'épreuve de la limite de la vie dans l'horizon de la mort.
Il éprouva un impérieux besoin de gémir, de chantonné, de chantonné en gémissant (75). Des semblants de mots lui viennent spontanément à la Ghourri vient d'expérimenté (76) ainsi, pour la première fois de sa vie,  dans la mort d'un être cher, la limite qui fait l'Autre Déjà-Là, celui du négatif de L'Être, son négatif et son Double; à savoir L'Être-Ténèbre, dont le  Il y a là donc deux faces de L'Être; L'Être-Lumière , à savoir L'Être de la Vie, où L'Être vivant,  auprès de, et en même temps qui, s'éloigne de , ( 78 ) et son double L'Être-Ténèbres;à savoir la face de L'Être susceptible de tournée en pulsion de mort, Le Mourant.
flux tourne en pulsion de mort. Celui-là même qui loge à côté de, auprès de L'Être-Lumière, dans l' έμμεναι grec du fragment de Parmenide (77).

(68) « La différence entre les personnages conceptuels et les figures esthétiques consiste d'abord en ceci: les uns sont des personnages de concepts, les autres, des puissances d'affects et de percepts.» Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI :  « Qu'est-ce que la philosophie?» Aux Éditions de Minuit 1991/2005. Page 67.

(69) Idem. Voir le chapitre entier consacré par Gilles Deleuze,  aux personnages conceptuels.

(70) «L'animal est là où il regarde, et son regard ne le réfléchit pas, ni ne réfléchit la chose, mais l'ouvre sur elle.» Maurice BLANCHOT. « L'espace littéraire.» Éditions Gallimard 1955. Page 173.

(71) Voir cours de Gilles DELEUZE sur Spinoza. Séances 6 et 8.
Université de Paris VIII'.

(72)« ...le peintre créait un animal par la peinture, nous de même, nous créons le langage par l'art de nommer où de parler.» PLATON dans «CRATYLE» 424d-425c. Éditions GALLIMARD- FLAMMARION 1967.
« "Voici ton nom", car le nom est sans doute une imitation comme la peinture.» Idem, 430c-431b.

« ...l'art rupestre atlasique et saharien est dans tous les cas un langage et une histoire racontée à travers des gestes esthétiques et techniques accomplis.» Noureddine SAOUDI.  «Les temps préhistoriques en Algérie.» Éditions DALIMEN - 2002. Page 83.

(73) «...l'essence entière du langage se recueille en ce mot singulier ( le verbe Être). Sans lui, tout serait demeuré silencieux, et les hommes, comme certains animaux, auraient bien pu faire usage de leur voix, aucun de ces cris lancés dans la forêt n'aurait jamais noué la grande chaîne du langage.». Michel FOUCAULT, dans son livre « Les mots et les choses.» Éditions Gallimard 1966.  Page 109.


(74)  « Plus le vivant était compliqué, complexe ; plus il se constituait des milieux intérieurs. Plus ces milieux intérieurs étaient forts et structurés, plus ils dépendaient de mécanismes cérébraux et de régulations cérébrales. »
Et
« Le cerveau va mettre en contact un dehors plus profond que tous les mondes extérieurs et un dedans plus profond que les mondes, que les milieux intérieurs. Comment il fait cette mise en contact ? Une mise en contact sans distance du dehors et du dedans...
...Une mise en contact sans distance, ça veut dire quoi ? C'est ce que Simondon explique dans ces pages très belles, ça veut dire, le cerveau a une structure topologique.»
Gilles Deleuze , cours 72 du 11/12/1984, sur Le Cinéma: Image-Pensée. Université Paris VIII.

(75) «La parole donne voix à l'intimité de la mort. Ainsi, il y a une secrète identité entre mourir et chanter.»  Idem,  BLANCHOT. Page 194.

(76) «L'animal qui vit l'Ouvert, est "libre de mort". Mais, nous, dans la mesure où nous subissons la perspective d'une vie bornée et maintenue entre ses bornes, "nous ne voyons que la mort."». Idem, BLANCHOT. Page 191.

(77) Fragment VI de PARMENIDE, longuement commenté par  Martin Heidegger, dans son livre «Qu'appelle-t-on penser?».


vendredi 27 décembre 2019

GILLES DELEUZE.DISAIT DANS SES COURS...


 Le CRI de Hab le hibou



«Si vous n'entendez pas ce que c'est que le cri des philosophes et les cris des philosophes, vous ne savez pas ce que c'est que la vie et vous ne savez pas non plus ce que c'est que la philosophie et vous ne savez pas ce que c'est que la pensée.»

GILLES DELEUZE  : Cinéma et Pensée cours 67 du 30/10/1984 - 2  Université de Paris VIII.

SIXIÈME SINGULARITÉ : LA PENSÉE-LUMIÈRE

.

Ce matin, totalement  fatigué par mes pensées,  je regardais au loin, la montagne de chênes-liège, du Mont Fernan se dévoilant devant moi, dans l'horizon qui borde la petite ville de Berrouaghia, et soudain, j'ai sentis que dans son surgissement, elle  était en moi et en même temps que son étant se tenait Là sur place, en s'étendant dans le paysage, j'étais moi aussi cette montagne surgissante ???!!! C'est en parlant maintenant d'elle, que  je me rend compte pleinement de cette sensation, de cette double spacialisation, qui m'invite a son tour,à en parler.
Je n'avais jamais eu cette drôle de sensation jusqu'ici...  Celà me rappelle ce passage du poème de Rilke, que j'avais lu dans le livre de Maurice Blanchot (58), à savoir: «...Silencieusement volent les oiseaux tout à travers nous... je regarde au dehors et c'est en moi que l'arbre croit.» (59).

J'ai comme la  sensation d'avoir peut être atteint cet Espace Intime ; car plus j'en parle, plus j'en pense, et plus je me sens comme entrain d'accéder à un Ouvert Poïétique, d'une Pensée-Lumière. C'est ma Rencontre avec La Pensée-Lumière, c'est-à-dire La Pensée sous un autre visage où surgissent L'Être de la Pensée à travers et en celui de la Parole Initiale.
Un  Ouvert Poïétique  de la Pensée-Lumière qui elle, Spacialise le monde par le Poser-Pour-Dire et le Dire-Pour-Poser, à savoir le Λέγειν et le  Νοεΐν, dévoilant  L'étant de L'Être; l' Έόν έμμεναι, dans et à travers mon PARLER même.  
Oui, PARLER au sens philosophique bien sûr, (60) c'est PENSER (61)  et L'Homme Préhistorique, le primitif, vivant dans la savane du Tassili et du Parler serait-elle une sorte de lumière qui spacialise?
Hoggar (63), comme sur les bords et les cimes des chaînes de L'Atlas (64),  nous a bien laissé sur les parois des grottes et des rochers, de quoi en être instruit.
donc SPATIALISER (62), par cette Pensée-Lumière,  le  réel.
La première impression que ce primitif avait du monde, était très probablement, ce grouillement, d'une multitude d'animaux qui se mouvaient, criaient, et menaçaient sa vie. Sa Rencontre Au  Monde, ce monde sauvage et dangereux de la Préhistoire, l'avait sans doute, fortement affecté. Elle lui avait également donné la possibilité de penser, sans pouvoir le faire pour autant. Cependant,  à force de tâtonnements, d'observations, d'intuitions, et d'expérimentations, il acceda un jour, lui aussi, à cet Ouvert Poïétique, de la Pensée-Lumière, même sommairement, même maladroitement. C'était Sa Rencontre Du Monde, qui à acheva  de l'affecter et de lui donner, cette fois-ci,  la capacité de penser.  
La preuve de cette capacité de penser, c'est  les  multiples reproductions de l'art rupestre. Elles témoignent bien de son génie. Celà montre bien qu'il Spacialisait son réel avec ses pensées, plus ou moins comme il le pouvait.  Il le  faisait au moyens de  ses dessins, de ses  peintures, de ses graffitis, pro-jetaient sur les rochers nus, les grottes et jusqu'aux imperfections de roche même;  comme une sorte de cinéma avant l'heure, et ce  afin de penser son monde, de mieux l'exprimer, de mieux  le dire, et de mieux en parler.
Mais le summum de sa pensée, c'était lorsqu'il fit sa  Rencontre avec Soi-Même.  Lorsqu'il apposa  sa main (65),  et en ressorti son empreinte, sur la roche.
Là, c'était Le Cri Subjectif ! Le Cri Philosophique (66)  , de la main comme Dire du Déjà-Là  de la pensée.
« Je suis une Main qui pense !»  (67), semble-t-il  nous le dire, à travers ce geste. C'est le Cri Philosophique, de L'Homme Préhistorique, à travers La Main-Pensée; Le Déjà-La de La Pensée-Lumière.








Tandis que nous, nous sommes des Êtres Étants; c'est-à-dire des Êtres dans le Temps, d'où le fameux titre du livre de Martin Heidegger, «Être et temps» ,  qui vivons et existons en même temps. Nous vivons et gérons comme les animaux l'espace. Nous n'avons pratiquement  pas besoin de boussole, par exemple, pour nous orienter durant nos promenades, nos déplacements ou notre marche quotidienne dans les rues, or nous avons très souvent recours à nos montres pour savoir l'heure qu'il est. Ce qui fait que nous maîtrisons l'espace, mais pas assez le temps. Nous maîtrisons l'espace, parce que nous parlons, donc nous pensons, ce qui fait que nous spacialisons. Spacialiser c'est plier l'espace, c'est le remplir, le baliser, le délimiter, en fixer les limites, et ce afin de mieux trouver son chemin, aussi bien dans la Pensée que dans le Monde réel, et souvent dans les deux.

SEPTIÈME SINGULARITÉ: L'ÊTRE ET TEMPS.

Les animaux sont des êtres; c'est-à-dire des Êtres qui se contentent de vivre simplement. Ils ne gèrent pratiquement que l'espace de leurs territoires, mais pas le temps, où du moins, pas comme nous, ni autant que nous.
C'est pour cette raison que nous le maîtrisons mieux. Tandis que le temps lui, nous donne plus de mal.
Dans le Temps nous  existons; à savoir nous nous faisons ÊTRE. Nous nous faisons ÊTRE et nous nous faisons ÊTRE, n même temps dans le TEMPS, et celà de façon kantienne; à savoir  de façon permanente, successive et simultanée. Vivre c'est du domaine de l'instinct, alors qu'exister c'est vivre en étant conscient de soi et du monde.
Ainsi pour finir, je dirais que tandis que les animaux se contentent de Vivre seulement, Nous les êtres humains, nous Vivons et  nous Existons comme des Êtres, étants d'un Déjà-Là de L'Être-Étant ( Être et Temps).


(58) « L'ESPACE LITTÉRAIRE » de Maurice BLANCHOT, Édition Gallimard, collection idées. 1955.

(59) Poème de RILKE daté d'août 1914.

(60) « Parler, c'est essentiellement transformer le visible en invisible, c'est entrer dans l'espace qui n'est pas divisible, dans une intimité qui existe pourtant hors de soi. Parler, c'est s'établir en ce point où la parole a besoin de l'espace pour retentir et être entendue et où l'espace, devenant le mouvement même de la parole, devient la profondeur et la vibration de l'entente. » Maurice BLANCHOT « L'ESPACE LITTÉRAIRE » Édition Gallimard, 1955.   Page 184.

(61) «...ce n'est qu'autant que l'homme parle qu'il pense et non l'inverse...» Martin HEIDEGGER, «Qu'appelle-t-on penser? Éditions PUF 1973. Traduction de L'Allemand par Alité BECKER et Gérard GRANEL. Page 90.

(62) «La lumière et la couleur chez les Byzantins sont spacialisantes.» Gilles Deleuze cours sur Spinoza séance 10. YouTube.

(63) Henri LHOTE, «Les gravures rupestres de l'Oued DJERAT » ( Tassili-n-Ajjer). Publication du Centre de Recherches Anthropologiques Préhistoriques et Ethnographiques - ALGER. Tome I et II 1975.

(64) Ginette AUMASSIP. « Trésors de L'Atlas»  ( Préface de Makaminan ÉMAKAGIANSAR et images de Mustapha ARIB )  Éditions Entreprise Nationale du Livre -  ALGER. 1986.

(65) « Seul un être qui parle, c'est-à-dire qui pense, peut avoir une main et accomplir dans un maniement le travail de la main.
Heidegger, Idem, Page 90.

(66) Pour Le Cri philosophique, voir Gilles Deleuze, cours du 30/10/1984, sur «Le Cinéma; L'Image-Pensée » Séance 1. Université Paris VIII.

(67) « Tout œuvre de la main repose dans la pensée.» Heidegger. Idem, page 90.


DELEUZE DISAIT DANS SES COURS...

 « Quand le philosophe est créateur? Lorsqu'il pose différemment le problème. » Gilles Deleuze cours sur Leibniz et le baroque disque 1 BNF séance 14.

CINQUIÈME SINGULARITÉ : LA DÉRENCONTRE DE L'IMPENSÉ

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Or, il n'en est rien aujourd'hui. La Pensée Moderne, exprime autrement sa reconnaissance envers ce Don. Il n'y a plus d'échange de don et de contre-don, avec qui ce soit. C'est la DÉRENCONTRE  de la Rencontre, c'est-à-dire de la Duplicité.
Elle l'exprime par le fait que  tout simplement nous pensons ce qu'il y a proprement et uniquement à penser (56). Elle n'est plus Duplicité.  Mais elle est quoi, alors?
Elle est devenue non pas un Don, mais L'Essence même de L'être Humain. L'Homme pense comme le pommier fait des pommes;  c'est-à-dire il y a évidence. Il n'est plus question de donner à penser; Nous pensons parce que c'est ainsi que nous sommes faites.  Puisqu'il n'est pas un don, mais notre essence même, nous ne croyons pas pouvoir le perdre un jour, ni trop se soucier de son usage. Nous n'avons qu'une seule crainte pour lui; celle qu' il  pourrait nous être ravit, un jour, par les robots et/ou les machines.  
Le grand progrès et le pouvoir de la Science et de Technologie, nous a érigé en Dieux. Nous avons aujourd'hui, Le Pouvoir de créer par la pensée techno-scientifique, dès machines, des robots, des réseaux de machines de plus en plus performantes, aux seins desquelles nous leurs avions  Or ce pouvoir est celui des sciences et de la technologie (57) et non celui de la philosophie. Nous croyons,  à tort donc, êtres devenues des Dieux qui ont le "Pouvoir" de Transmission de cette essence de penser. Nous travaillons à le donné, à le transmettre, comme Notre Don envers les machines. Y-a-t-il plus grand aveuglement que celui-là? Non!
insufflé, notre intelligence et notre mode de penser. C'est celà la croyance d'aujourd'hui.
La Dérencontre nous dé-habite de la Duplicité de L'Être et de L'Étant, c'est celà le fait que nous ne pensons pas encore; à savoir c'est notre chute  dans Le Pas-Encore de la Pensée, - chute provoquée par notre aveuglement dans la croyance que la Science et la Technique pensent - qui devient L'Impensé même, de notre époque.  

(56) «Ainsi donc la véritable reconnaissance ne consiste jamais dans le fait que nous arrivons le cadeau à la main, et rendons cadeau pour cadeau. La pure reconnaissance est bien plutôt le fait que simplement nous pensons, à savoir, quenous pensons ce qu'il y a proprement et uniquement à penser. » Martin HEIDEGGER, «Qu'appelle-t-on penser?» Éditions PUF.  Page 149

(57) Heidegger, idem,  voir pages 215/216.


jeudi 26 décembre 2019

QUATRIÈME SINGULARITÉ: LA RENCONTRE EST UNE DUPLICITÉ


Dans le champ 1 de L'Iliade, Homère décrit précisément le déroulement du sacrifice -  d'ailleurs il le décrira à différentes occasions,  par la suite dans ses deux récits - exécuté par Ulysse, juste après avoir rendu Khryseis à  son père (52) .
Il y a là, chez les Grecs, une RENCONTRE qui se fait entre les Hommes, à savoir les Mortels, et les Dieux, les Immortels, via le sacrifice. Dans quel but?
Pour eux, cette Rencontre entre les deux, se fait à travers l'échange de ce sacrifice, qui lui, se fait a son tour, dans la Duplicité du don-sollicitateur de la pensée et du don-donateur où contre-don si vous voulez, dans un jeu de Déjà-Là et de Pas-Encore.
La première étape de la Rencontre par le sacrifice, sollicite ainsi L'Être de la Pensée, par un Monstrage. Les Mortels montrent par la main et le doigt, aux Dieux les animaux qui leurs sont sacrifiés. C'est le sens du touché où la main instrument de la pensée, parle dans le Déjà-Là du χρή parmenidien (53).
La seconde, quant à elle, cerne, et dévoile par le jet du regard, L'Être de la Pensée. C'est le jeu de la vision, du: « τό λέγειντε Νοεΐν τ » , dans le sens de : « Il est d'usage: ainsi le laisser être posé-devant, (le) prendre en garde aussi, ...» traduit par Heidegger.
La troisième Rencontre, assimile par le goût, l'odorat, l'ouïe, L'Être de la Pensée, dans la fumée du sacrifice, et le révèle par le Dire de la parole. C'est Λέγειν - νοεΐν dans le premier sens de la traduction commune, à savoir "penser" et "dire".
Enfin, l'ultime Rencontre se fait dans l'incarnation de L'Être Apppelant ( L'Être ne peut être qu'en étant. En étant quoi? En étant un Rappel dans son être Appelant ), d'un posé-ensemble (σύν-θέσις, mais pas dans le sens de synthèse, mais dans le sens de là Duplicité qui vient du Voilement de leur simplicité) dans la Duplicité  du Don de L'Être de la Pensée, à savoir έόν  έAinsi, le don des Mortels se fait à travers  le Hors-Parole (53) de la fumée sacrificelle des animaux, c'est-à-dire un Déjà-Là du silence qui parle dans l'acte de sacrifice, et de celui des mots de prières, prononcés en paroles, c'est-à-dire d'un autre Déjà-Là qui est en fait un Pas-Encore, celui cette fois-ci, de l' action du dire qui agit pour faire réagir le Pas-Encore des Dieux, dans les prières. Tandis que le contre-don des Immortels se fait lui, dans ce Déjà-Là (54) de L'Éclair qui donne à penser, d'une part, et à travers les Paroles Ailées, du Pas-Encore du Dire du Logos, d'autre part.
μμεναι. (53) de son Pas-Encore ( L'Impensé).
Tout celà se déroule dans cette double Duplicité (55) du don et du contre-don, qui permet aux Mortels d'acquérir ces dons inatteignables; à savoir celui de Penser, et celui de Dire où s'Exprimer, et celà en échange des sollicitations dans le  silence des actes du sacrifice, et de l'action des paroles des prières, humaines.
La Rencontre est une Duplicité  qui naît dans son échange.  
Cette Duplicité s'affirme comme celle; de L'Étant mortel de L'Être  Immortel. C'est la RENCONTRE de L'Homme et de la Pensée  des Dieux,à l'âge de la Grèce Antique.
La Rencontre se faisait à travers les rites du sacrifice, qui permettait ainsi à la fois une reconnaissance et une sollicitation de la par des mortels, car pour eux La Pensée est un don fragile qu'il faut mériter des Dieux, car c'est leurs Don et entretenir dans l'usage.

(52) Iliade, Champ 1, page 20/21, d' HOMÈRE: ŒUVRES COMPLETES aux Éditions Arvensa.com
Traduction du Français par Leconte de Lisle  ( À. Lemerre 1866 ).
www.frenchpdf.com/

(53) Voir «Qu'appelle-t-on penser? » de Martin HEIDEGGER.

(54) Pour mon compte, j'appelle Le Hors-Parole et la Duplicité Heideggerienne, Le Déjà-Là et la Rencontre.

(55) Idem, voir Heidegger.

TROISIÈME SINGULARITÉ : LE DÉJÀ-LÀ DE LA PENSÉE



Ce qui n'à donné le plus à penser, dans cette Rencontre avec la philosophie, c'est Le Cratyle de Platon. Certes, j'avais déjà lu les autres dialogues, mais celui-ci m'avait affecté particulièrement.  L'idée de remonter jusqu'aux origines de la Pensée, m'avait capturé et me séduit toujours.  Pouvoir aller, comme Platon et Heidegger, par le biais des phrases, des mots et surtout des lettres, jusqu'à dégager le Déjà-Là de la Pensée; j'adore pétrir le M'aarek ! (*)
« En nommant, nous mandons à advenir l'étant-présent.» nous dit Martin Heidegger(46).  

Cette volonté d'apprentissage , m'à conduite jusqu'à décortiquer chaque lettre de l'alphabet grec, afin de trouver le Déjà-Là  de la Pensée. Je veux dire que chaque lettre grecque est elle-même, pour moi,  une clé de pensée, et une clé pour penser. Dans cette affaire, je ne prétend ni égaler, ni dépasser, les grands philosophes. Je ne cherche qu'à continuer par ma  modeste contribution, à la pensée humaine.
Pour mon compte, je trouve que l'Alphabet Grec à des influences inspirés de L'Écriture Égyptienne. Cependant, les grecs ont  ajoutés des spécificités bien à eux;  Comme les voyelles épsilon   Ε,ε, où  upsilon Υ,υ, où bien la lettre pi Π,π, par exemple. Ils ont également opérés d'autres changements. Néanmoins ils suivent presque le même principe que les égyptiens, sauf que L'Être chez les grecs n'est pas l'incarnation du Dieu-Roi ; Pharaon. Pour eux, ils pensent, plutôt la division, de L'Apparition/Disparition ( Voilement/Dévoilement)  de L'Être et de l'étant dans L'Ouvert de l'Harmonie du Monde.
Si je suis ce cheminement, voici ce qu'il en ressort en décortiquant, à mon tour, la fameuse phrase de Parmenide, commentée par Heidegger dans son fameux livre (47):

« Χρή το λέγειντε νοεΐν τ' έόν έμμεναι »

Χρή = La division par la foudre de l'étant ( où la division de la foudre de l'étant, de l'océan de lumière, de la région de l'étant) ;

Τό = de l'océan sacré;

Λέγειντε = l'Être pense l'ouvert, de la région de la pensée, entourée, par la pensée sacrée;

Νοεΐν = entourant l'océan, de la région de la pensée, re-entourée;

Τ'= à son tour;

Εόν = la pensée océan, entoure;

Εμμεναι = la pensée lumière et la pensée mort ( où la mort de la pensée???) , qui entoure la région de l'étant.

Ainsi, le Déjà-Là de la Pensée, opère par division ( le principe philosophique , voir Platon), de la foudre; à savoir de la vitesse inassignable de la Pensée, de cet «Océan» (48)  sacré de la pensée. L'Être pense L'OUVERT, ( la lettre gamma Γ,γ, )
de la région de la Pensée, le Logos; par la Pensée Sacrée, c'est-à-dire la Philosophie. Celle-ci, entoure par sa pensée, par l'ontologie, et Ré-entoure par la logique et la dialectique; Ré-entourée  à son tour par la métaphysique;  la Pensée entoure L'Être de l'Étant, L'Être Lumière, ( L'Être de l'étant)  et le Non-Être, où L'Être de la Mort, du Chaos, qui entoure la région de l'étant dans sa Rencontre-Duplicité, avec L'Être, qui nous donne le plus à penser, c'est-à-dire qui nous donne Le Déjà-Là de la Pensée.

Ainsi, Océan est pour les grecs, cette vaste entité, cette vaste  région de la pensée, - elle est sacrée - et sur laquelle règne le Dieu-Concept ΠΟΣΕΙΔΩΝ , ( Poséidon)  qui lui, signifie; « « harmonie de l'océan, de l'apparition/disparition de L'Être, de la région de la pensée, en circulation, dans l'union, de L'Être lumière.»
Comme vous le remarquez, la pensée me mène là où elle veut,  ce n'est surtout pas moi qui la dirige. Elle est Rencontre. Elle m'incite, ainsi à faire ce petit travail à la  Champollion, pour aboutir à la source de l'alphabet grec, où L'Être parle à travers elles.
D'ailleurs, chacune de ses lettres est L'Être de... quelque chose .  Elle commence ainsi, par L'Être de l'étant, où L'Étant à savoir la lettre Α,α, alpha (Αλπα),  pour rebondir au milieu de l'alphabet, sur Lambda Λ,Λ, (Λάμβδα) où L'Être  ténèbres. Glissant vers Sigma Σ,σ,ς, ( Σίγμα ),  signifiant elle; Apparition/Disparition de L'Être. Elle termine son cheminement par Oméga Ω,ω, (Ω μέγα); à savoir L'Être ou L'Être Lumière.  
Là, c'est les étapes du grand saut que L'Étant (de L'Être) accompli, afin de dégager L'Être.   Il reste que  les autres lettres se trouvant entre ces étapes, représentent à leurs tour,  L'Être de quelque chose; exemple Omicron: Ο,ο, ό μικρόν , ( L'Être  ) Océan,  où Dzéta Ζ,ζ, (L'Être) Souffle, où encore Π,π, Pi ( πι ) ( L'Être) Harmonie. L'Étant ainsi va dans son cheminement de la Pensée, d'étape en étape, pour finir sa course dans L'Être Lumière.

Pour les grecs, Océan , Ώκεανός, et non la mer ( θάλασσα), est La Pensée-Océan;  un monde Inconnu qui nous  Entoure et qu'il va falloir entourer et Ré-entourer, à son tour ( 49). C'est une vision bien grecque.
Océan, à un lien indirect - via Atlantique, Ατλαντίς  - avec Atlas, Άτλας, une influence Berbère, dû à La Rencontre de ce monde avec celui des grecs,  représentant L'Être Couché sous le corps d'une femme, de  la montagne Atlas en Afrique du Nord,  devenue chez eux ( les grecs) le Titan Atlas (50).  

Si nous suivons pas à pas l'ordre des lettres dans l'alphabet, celà donne:
Α,α, L'Étant, Β,β, Vie-Écriture, Γ,γ, Ouvert, Δ,δ, Circulation, Ε,ε,Pensée, Ζ,ζ, Souffle, Η,η, Ensemble, Θ,θ, Synthèse, Ι,ι, Région, Κ,κ, Astre, Λ,λ, L'Être Ténèbres, Μ,μ, Vie/Mort, où Lumière/Ténèbres, Ν,ν, Entourer, Ξ,ξ, Inconnu, Ο,ο, Océan, Π,π, Harmonie, Ρ,ρ, Foudre, Σ,σ,ς, Apparition/Disparition de L'Être, Τ,τ, Sacré, Υ,υ, Union, Φ,φ, Action, Χ,χ, Division, Ψ,ψ, Esprit, Ω,ω, Être Lumière.

C'est celà le Déjà-Là de la Pensée.
Le Dire des lettres de l'alphabet grec est Le Déjà-Là de La Pensée (51).

(*) M'AAREK est une sorte de gâteau d'Afrique du Nord ( En Algérie elle est entre gâteau et pain) à pâte feuilletés que l'on pétri selon la "théorie dite du pâtissier" où la pâte est pliée et repliée jusqu'à faire joindre deux points prises au hasard, éloignés l'un de l'autre. Cette théorie est rapportée au travail de la pensée même.

(46) Martin HEIDEGGER, « Qu'appelle-t-on penser?» Éditions PUF 1973. Traduction de L'Allemand par Alité BECKER et Gérard GRANEL.  Page 135.

(47) Idem.

(48) Les Grecs ont L'OCÉAN et les Égyptiens LE FLEUVE, représentée par la même lettre «O» (chez les Grecs).

(49) « Avec les neufs autres, en tourbillons d'argent, Océan s'enroule autour de la terre et du large dos de la mer, avant d'aller se perdre dans l'onde salée.» voir « Thégonie», d'HESIODE.  

(50) Idem, voir HESIODE.

(51) Voir page 216 du livre de HEIDEGGER, «Qu'appelle-t-on penser?»

mercredi 25 décembre 2019

L'ÊTRE LOGIQUE DE LA PAROLE AILÉE

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À travers le dialogue de Cratyle (34), Platon répond à sa manière, à la Théogonie d'Hesiode. Il en donne une explication rationnelle de l'origine des mots, et ce, en convoquant les Aédes (les poètes) et les philosophes présocratiques, tout en remettant en question la justesse de ces mots, qui ont divinisés cette mémoire (35). Le même Platon parle de la Pensée du Philosophe comme ayant des ailes (36). D'ailleurs dans l'Iliade aussi bien que dans l'Odyssée D'Homère, nous rencontrons souvent cette expression :« ...des paroles ailées...». C'est quoi celà dès paroles ailées ?
 Ces paroles ailées transportent le poète, c'est-à-dire ici, l'Aède (37) , et nous avec, du présent vers le passé, et du passé vers le futur; c'est l'anamnèse grecque. C'est celà L'idée de Mouvement (38), chez les Grecs. Ici, il s'agit de Mouvement des paroles ailées, à savoir la Pensée qui se meut dans son Ciel celui de la Pensée.
 Dans l'Odyssée, nous avons souvent le Mouvement d'Athéna qui volait au secours d'Ulysse. Qu'est-ce que celà veut dire? Pallas Athénée est définie par Platon, dans le dialogue de Cratyle, comme à la fois, Être brandi pour le terne " Pallas"... et à la fois, comme Raison Divine pour le nom "Athénée" ( 39). Elle est donc Raison et Mouvement qui vient au secours d'Ulysse. Une Pensée, la Pensée du philosophe à des ailes disait Platon. Ces ailes; ces paroles ailées qui transportent ( Déterritorialisent ) le penseur par L' Anamnèse ( Mémoire), à travers un discours, celui du logos ( Λόγος ), c'est-à-dire, de L'Être Logique de la Parole Ailée.
 Ce logos fait de ce penseur un Philosophe. Autrement dit, il est à la fois un fils du logos, et à la fois un continuateur dans le sens de filiation, d'amitié filiale - fils spirituel - avec le Sophos (40) où si vous voulez, ce qui est en mouvement où en rapport avec lui. C'est Le Fils-Amant-Ami de la Sagesse. Enfin, il est également, comme l'idée de l'être de catégorisation ( 41) du logos (42), c'est-à-dire de l'Être Logique de la Parole Ailée. Pour les grecques les paroles sont divinisées, c'est des Dieux et non de simples mots que le Μύθος ( Mythe ) et le Λόγος ( Logos) interprètent, expliquent et ordonnent. Ainsi, au Ciel des Dieux se substitue, chez Platon le Ciel des Idées, le Ciel des Cieux, le Ciel des Concepts, ces dieux d'un autre ordre.
Au Ciel des Idées, se trouvent les Paroles Ailées, à savoir les Concepts. D'ou les concepts sont des êtres vivent, chez Deleuze (43). Les hommes, les mortels sont des formes, ils se meuvent sur Terre, et ont pour eux, les Mots, alors que les dieux grecs, les immortels sont des forces, ils se meuvent dans le Ciel, et ont pour eux les Concepts ( les paroles ailées). Toujours dans le Cratyle, Socrate fait dire que la lettre grecque Sigma ;Σ,σ,ς, évoque l'idée de souffle. J'ajouterais pour mon compte, que cette lettre est au cœur de L'Alphabet Grecque, et évoqué, pour moi, l'idée d' Apparition/Disparition de L'Être.
J'ajouterais dans ma spéculation, que cette lettre se trouve à la fin de la plupart des noms propres, comme Socrate, Σωκράτης, ou Héraclite, Ηράκλειτος, ainsi qu'à la fin certains mots chargés de « l'Être » comme de logos, Λόγος, par exemple. Pourquoi ? Allons plus loin dans le délire. Le mot Alphabet, ne signifie-t-il pas : «L 'étant ,Vie» , à savoir la Vie de L'Être de l'étant.
 Ainsi que l'expression " L'Alpha et l'Oméga" que signifie-t-il, sinon, « De L'Être de l'étant ( Α,α),à L'Être de Lumière ( Ω, ω. ) où L'Etre». Tiens nous constatons que l'alphabet grecque, va de L'Étant (Α,α) à L'Être de Lumière , L'Etre( Ω,ω) , avec au milieu le Sigma, (Σ,σ,ς) à savoir L'Apparition/Disparition de L'Être. Nous retrouvons l'idée du Voilement/Dévoilement du début. Dans ce jeu chaque lettre est Pensée en elle-même pour dire la Parole Initiale. C'est pour celà que la langue grecque est la langue ou L'Être (45) y habite. Le Logos, cet être logique du concept, à savoir de la parole ailée des Dieux, serait le Feu ( ici, je veux dire, le Feu logos d'Héraclite.) Créateur (44) des Créateurs, c'est-à-dire le créateur des Concepts-Dieux où des Dieux-Concepts.

 (34) CRATYLE Dialogue de PLATON, Edition Garnier-Flammarion , 1967, numéro 140.

(35) « Cette mémoire divinisée. » disait Jean-Pierre VERNANT, dans sa vidéo: « La Grèce Antique et Nous.» YouTube.

 (36) «Voilà pourquoi, il est juste que, seule, la pensée du philosophe ait des ailes, car elle ne cesse de poursuivre de toutes ses forces, par le souvenir, les choses dont la possession assure à Dieu même sa divinité.» PLATON «Phèdre», 248a- 249d. Éditions Garnier-Flammarion, traduction Émile CHEMBRY.

 (37) « Le poète ( l'Aède) est en quelques sorte présent dans la pensée.» disait Jean-Pierre VERNANT dans « La Grèce Antique et Nous.» YouTube.

(38) Cette idée de mouvement est plusieurs fois exprimée dans le dialogue de CRATYLE de PLATON.

(39) Voir le dialogue de Platon, CRATYLE Éditions Garnier-Flammarion, 1967. Traduction Émile CHAMBRY. Pages 425/426; XXIII. 406b -407-à et 407-c.

 (40) Voir CRATYLE 441d-412e, La Pensée....( page 432), la sagesse ( page 433). Il y A toujours un rapport avec le Mouvement.

 (41) L'IDÉE platonicienne est définit comme : Être de la Catégorisation.

 (42) « Ce mot (logos), les hommes ne le comprennent jamais...» Écrit P. DERAMAIX dans :« Sur quelques fragments de Héraclite.» Internet.

 (43) Voir « Qu'est-ce que la Philosophie?» de Gilles Deleuze et Félix Guattari, Éditions de Minuit.1991. Voir également le cours de Deleuze sur Leipzig, séance 1. YouTube.

(44) « Les Dieux Grecs n'ont pas créer le Monde, c'est le Monde qui a crée les Deux.» Disait Jean-Pierre VERNANT dans sa vidéo sur « Les Grecs Antique et Nous.» YouTube.

DELEUZE DISAIT DANS SES COURS...

 

D'où vient mon inspiration concernant le titre du :« Le Déjà-Là et Le Pas-Encore.» ?
Quelques chose m'avait parlé lorsque Gilles Deleuze, disait ceci, dans un de ses cours :
« Si bien que c'est des grecs qu'il faut entendre et c'est déjà des grecs qu'il faut entendre : nous ne pensons pas encore. Et il en sera toujours ainsi et nous penserons sous la double forme du « ce qui donne à penser est déjà là », le dehors, et l'impensé du dedans « nous ne pensons pas encore ». Deux structures du temps coexistantes, le déjà là et le pas encore. C'est l'inégalité fondamentale du temps [ ?] ou l'inégalité de la pensée avec elle-même. Bien. »
GILLES DELEUZE Cours sur « FOUCAULT; LE POUVOIR.» , numéro 21 du 29 avril 1986 - seconde bande sonore

mardi 24 décembre 2019

SECONDE SINGULARITÉ: LE JEU DE VOILEMENT/DÉVOILEMENT


Le Voilement/Dévoilement

Qui dévoile, voile, et qui voile, dévoile. Ce jeu de Dévoilement/Voilement est au cœur du paradoxe de la Pensée. C'est une sorte de miroir inversé, où chaque Rencontre reflète sa contre  image; chaque  Pensée  porte en elle son Reflet inverse: Ip Rencontre et La Dé-Rencontre, La Pensée et L'Impensé. Elles sont de mêmes nature, l'une reflète l'autre, l'une se reflète dans l'autre, l'une présente et représente l'autre. La Rencontre est présentation qui se présente devant nous, en nous, entre nous; entre l'un et l'autre. Elle est un rapport de Présentation/ Représentation de L'Un et de L'Autre, de L'Un-L'Autre. Ce va-et-vient, ce Mouvement de pensée, qui nous donne à penser, reflète en même temps l'Impensé. Celui-ci est aujourd'hui présent dans l'éblouissement de la "pensée" dite scientifique qui ravi notre pensée, par son autoritarisme et sa volonté d'agir, elle nous précipite dans L'Impensé. Cette illusion est le faite de croire que la science pense (31). Pas si sûr, car elle est connaissance; c'est-à-dure pensée qui agit, mais pas pensée qui se pense elle-même, où  pensée comme parole initiale, comme dit Heidegge. Elle est Ce "verrou science"de L'Impensé, qui voile plus la pensée, qu'il ne la dévoile. En disant celà, c'est sans vouloir prétendre dire une quelconque supériorité de la pensée sur la science (32), où diminuer de son importance. Chacune à son domaine propre (33).
La pensée de la voie unique; voilà ce que  dénonce, pour notre époque, Martin Heidegger dans son livre :« Qu'appelle-t-on penser?»

Pour pouvoir saisir les deux faces de la Pensée, à savoir La Pensée et L'Impensé , il faut Rencontrer La Pensée en la plaçant , comme nous plaçons une pièce de monnaie, devant un miroir; c'est-à-dire la penser entre le miroir  du Déjà-Là de la Métaphysique et du Pas-Encore de L'Ontologie, afin de la faire réfléchir et pouvoir dégager son Reflet. À ce moment là, elle nous Rencontre dans son retrait; et nous révèle en même temps, son double aspect; à savoir Le Reflet  de La Dé-Rencontre de la Rencontre et Le Reflet de L'Impensé de la Pensée à travers le jeu de Voilement/Dévoilement.    



(31) «  La science ne pense pas.» écrit Martin Heidegger dans «Qu'appelle-t-on penser?»  Édition Press Universitaire de France (PUF ) 1973. Traduction de l'Allemand par Aloys BECKER et Gér
ard GRANEL. Page 26.

(32) et (33)  Idem. Voir les pages 98 et 99 à ce sujet.

LES TYPES DE RENCONTRES


La Rencontre, est un tableau peint en 1854 par Gustave Courbet.


Il y a deux  types d'Occursus; La Rencontre qui se fait par hasard du type "subir", et celle qui se fait par choix, par nécessité du type "agir", à savoir La Rencontre-Hasard où La Rencontre-Nécessité.

La première est un pur accident du hasard. C'est LA RENCONTRE comme sujet, où c'est l'autre en tant que personne où chose qui me rencontre et non moi-même qui choisi de le faire. Je n'ai aucune prise sur ce que je subi.  Son impératif est : « je ne m'attendais pas à ça...» et/où « j'ai fait la rencontre de...». C'est la vraie surprise.  Je subi totalement le choc de cette rencontre, en faisant "La Rencontre" de quelqu'un où de quelque chose.  Je suis affecté  après celà. C'est la Rencontre-Accident où Hasard qui donne à penser.

Tandis que le second type d'occursus, c'est plutôt celui de la rencontre comme nécessité. C'est le verbe RENCONTRER qui lui sied, car c'est moi, et moi seul, qui fait le choix de m'engager où d'éviter de telles rencontres. Je ne subi pas une action, je la provoque, toujours sous un certain contrôle, plus où moins maîtrisé où maîtrisable. Son impératif est « je choisi, où j'évite...» et/où «je vais où pas à la rencontre de...»  Ici, Rencontrer est un pur choix, un calcul, une nécessité, à la suite de quoi c'est moi qui agi , qui affecte l'autre, dans le sens d'affecté où d'être affecté. Je l'appelle Rencontre-Nécessité où Rencontre-Contrôle, par laquelle j'affecté l'autre.
La premièr type est un Être Rencontre, tandis que le second n'est qu'un «avoir rencontré ». Du fait, ce qui nous intéresse,  dans le présent ouvrage, c'est bien L'Être Rencontre.

LE DÉJÀ-LÀ DE LA RENCONTRE



« Toute est RENCONTRE  où OCCURSUS , et chaque rencontre nous  affect et nous donne à penser; c'est le DÉJÀ-LÀ de la pensée. Il Nous pense du Dehors. »
Hab le hibou

lundi 23 décembre 2019

LA RENCONTRE COMME DETERRITORIALISATION



.Le Philosophe Gilles Deleuze

Un jour, alors que cherchais sur Internet une vidéo concernant la créativité artistique;  voilà que je  rencontrasse  l'image d'un bonhomme aux cheveux grisonnants, portant de grossières lunettes et un pullover bleu-violacé. Il articulait lentement et nous expliquait dans sa conférence, ce que c'était que l'acte de création (26).
J'ignorais, à ce moment-là que je venais d'avoir ma Rencontre AU monde,  avec ce bonhomme qui ne payait pas de mine. C'était ma rencontre avec Le Philosophe Gilles Deleuze. Une rencontre qui venait de me fait passer du territoire de la pensée pré-philophique, à savoir de la Rencontre DU Monde; et de sa banalité quotidienne, à celui du territoire de la pensée philosophique où Rencontre AU Monde, avec son monde topologique de critiques et de questionnements. Ainsi, elle a provoqué , ma Déterritorialisation/Reterritorialisation (27), par un choc Noétique (28) si puissant, qu'il m'avait  affecté, puis donné à penser, en me faisant passer mentalement une sorte de  porte menant vers La Philosophie. Avant, je me heurtais à un mur d'incompréhensions en cherchant à approcher des sujets de philosophie, mais à partir de cet instant de rencontre avec Deleuze, un éclair à traversé mon esprit; rendant ainsi le tout limpide.
Une Rencontre est une Déterritorialisation en même temps qu'une Reterritorialisation qui va de la rencontre DU  monde à la rencontre AU monde. C'est aussi un choc, mais pas n' important lequel, c'est un noo-choc qui nous affect et nous donne à penser, à savoir un Déjà-là de la Pensée.

Pourquoi et comment La Rencontre de  Gilles Deleuze me donne à penser?
Dès que j'écoute parler Deleuze, d'abord, quelque chose en lui m'affecte, je suis ému, un peu désemparé, puis celà m' interpellé, provoque en moi comme un confetti d'explosions d'idées nouvelles, ensuite j'ai comme l'impression que  ses propos lumineux et limpides m'ouvrent des sortes de portes, dont je ne soupçonnais pas l'existence, je me sens tout à coup, comme intelligent, inspiré, gonfler de  pensées nouvelles: Je deviens autre!  
Depuis, en  suivant ses cours sur Internet, je me sens comme l'un de ses élèves. Pour moi celà devient du "live", comme on dit aujourd'hui, c'est-à-dire du pur vécu. Il y a chez moi, comme une sensation de participer à sa réflexion en direct, même si je ne parle pas avec lui,  comme la majorité des autres élèves d'ailleurs, je me sens comme un de ses élèves, présent même virtuellement,   en plein dans l'atmosphère du cours.   Il n'y a aucune di
fférence entre moi, et ceux qui l'écoutaient en ce temps-là.
Le secret tient justement dans l'oralité du processus. Comme Socrate, Gilles Deleuze sait créer le dialogue philosophique entre  nous et lui. Il nous transporte à travers son cours-réflexion, chargé notre esprit de ce Don, dont il a, seul, le secret. Un Don divin de vous donner à penser. Sa Parole reste authentiquement parole philosophique qui pense L' έόν ; où l'Impensé n'a pas réussit à s'y installer. C'est ce que Martin Heidegger appelle la Duplicité de l'étant et de l'Être (29). C'est ce Don de penser qui nous vient du Dehors  et dont Gilles Deleuze nous rapproche à travers notre  Rencontre avec lui. Son Don de penser, nous  fait sentir la Vitesse Inassignable de la Pensée qui nous traverse du Dehors en ce point précis de la Rencontre-Topos  et détermine à son tour notre pensée. C'est ce que j'appelle " IL " (30)  Nous pense du Dehors!
Attention ! Ce Don de penser peut tourner en don de détruire , de mourir, à savoir que la ligne vitaliste du Dehors, peut tournée en ligne de mort; le penseur que nous sommes peut devenir destructeur, sa pensée dans ce
cas, devient destruction. Là, il s'agirait non plus de «IL» mais de «ON» Nous pense du Dehors, dans le sens du «On» Meurt.




LA LIGNE DE VIE ET LA LIGNE DE MORT: LA RENCONTRE

Ce point précis de La Rencontre-Topos oùIL Nous pense du Dehors, peut donc à son tour, tourné en Rencontre-Topos négatif, où ce n'est plus le IL mais le ON de "On meurt", qui prend le dessus. Dans ce cas là, "ON Nous pense du Dehors".
Pour essayer d' être plus claire, je dirais que pour mon compte, La Ligne du Dehors, est à vraie dire constituée de deux lignes inassignablement entremêlés, à savoir qu'elles ne sont ni séparées, ni séparables. La première est la ligne de vie, la ligne vitaliste, où le pronom  impersonnel "IL " est son distributeur d'événement.  La seconde est la ligne de destruction, la ligne de mort où mortaliste. Son distributeur d'événement n'est pas " IL" mais le pronom "ON ". Celà  reste bien entendu, un usage de ces pronoms impersonnels, complètement arbitraire et  exagéré de ma part.
La Rencontre qui, elle, n'est pas une ligne, car elle est la dynamique  interagissante non pas entre les deux lignes, mais en elles-mêmes. La Rencontre ne détermine que la polarité, vitaliste où mortaliste, du point précis de sa Rencontre-Topos, étant donné que les lignes sont inassignablement entremêlés. C'est pour celà que ce  don de penser, reste instable et  peut à tous moments virer en ligne de vie où en ligne de mort, il dépend de la polarité de la rencontre-topos. Le shifter de La Rencontre est donc "Nous"; d'où dire soit IL Nous pense du Dehors, pour exprimer une idée vitaliste, soit ON Nous pense du Dehors,  pour celle de mortaliste. J'ajouterais, pour ma part, une Complicité  dans La Duplicité, car celle-ci reste toujours éternellement vivante.

(26)  Gilles Deleuze  conférence-vidéo: « Qu'est-ce que l'acte de création?» du 17 mars 2017 donnée aux «Mardis de la Fondation» disponible sur YouTube.

(27) La Déterritorialisation/ Reterritorialisation sont des  concepts de Gilles Deleuze.

(28) Choc Noétique ou Noo choc, dont Gilles Deleuze en parle dans son cours : L'image-pensée. séance 2  YouTube. « Il nous faut un choc pour nous donner à penser... un noo choc c'est ce qui nous donne à penser. » fin de citation.

(29) « La pensée n'est pensée que lorsqu'elle pense fidèlement l'έόν: cela qui par ce terme est nommé, au sens propre du mot, c'est-à-dire hors parole. C'est la Duplicité de l'étant et de l'Être. C'est elle qui est ce qui proprement donne à penser, ce qui se donne ainsi est don de ce qui est le plus digne de question. » Martin Heidegger, Livre « Qu'appelle-t-on penser?» Édition Press Universitaire de France (PUF ) 1973. Traduction de l'Allemand par Aloys BECKER et Gérard GRANEL. Pages 225/226.



(30) Par «IL» Nous pense du Dehors. je veux dire «IL» ici ce n'est plus Gilles Deleuze, mais le «  IL » de la Ligne du Dehors qui nous pense. Voir cours numéro 24 , de Deleuze sur Foucault, du 20/05/1986. Université de Paris VIII.