vendredi 5 juin 2020

LE VISAGE DE LA RENCONTRE

LE VISAGE DANS LA RENCONTRE

 Dans la RENCONTRE, il y a deux temps; le premier celui de La Rencontre avec L'Autre, avec Le Monde. Par exemple Ulysse à la fin de L'Odyssée, Rencontre son père Laërte, premièrement ils se Dé-Visagent l'un l'autre. Ils sont affectés; c'est Le Choc de La Rencontre qui affecte. C'est aussi le temps du Dé-Vidagement, à savoir un savoir/questionnement de Soi et de L'Autre, cet autre, à la fois proche lointain et lointain proche, ce même qui est L'Autre; un trou noir dans un mur blanc, disait Gilles Deleuze. C'est le moment le plus important de la RENCONTRE, à savoir celui du DÉ-VISAGEMENT; où chacun est désarçonné dans son Soi-propre, et où chacun se tient hors de soi, c'est-à-dire existe, en même temps qu'il RE-CONNAÎT l'autre et SE RE-CONNAÎT en l'autre. C'est le moment D'ÊTRE ET DE RENCONTRE, où du DÉJÀ-LA de L'Être et du PAS-ENCORE de la RENCONTRE. Car la RENCONTRE est une ouverture à l'inconnu, à l'aventure, à la bifurcation dans le l'Espace et le Temps.
 Le moment du trait de Visageité et du contour Visagéfiant, où de Visagification si c'est autre chose qu'un être humain, à savoir Le Visage dans sa triple fonction:

- INDIVIDUALISATION,
 - COMMUNICATION,
 - Et SOCIALISATION.

 le second temps, est celui du se Rendre-Compte , où Ulysse se rend compte; c'est celui de la prise de conscience, de ce reflet, de cet écho qui lui revient de L'Autre. Le moment de prise de conscience, par le Don de Penser. Le RETOUR de L'Autre en Soi, de la Communication et de la Socialisation avec autrui.
C'est celà affecte et le don de penser de la Rencontre. Voici le texte de cette Rencontre entre Ulysse et son père.

 « 303 « Vieillard, je te parlerai avec franchise. Je suis d'Alybante où j'habite le superbe palais de mon père Aphidante, fils de Polypémon, et mon nom est Épéritus. Un mauvais génie, qui me fait errer depuis longtemps loin de la Sicanie, m'a conduit malgré moi sur les bords d'Ithaque, et mon navire est resté sur le rivage, à quelque distance de la ville. Il y a déjà cinq années que le malheureux Ulysse a quitté ma patrie. Quand ce héros partit d'Alybante, des oiseaux de bon augure volèrent à sa droite ; nous nous réjouîmes tous deux de ce présage, car nous espérions nous revoir un jour et nous faire encore de nouveaux présents. » Il dit, et le sombre nuage de la douleur obscurcit le front du pauvre vieillard. Laërte se baisse lentement, ramasse de la poussière brûlante et la jette à pleines mains sur sa tête en poussant de sourds gémissements. A cette vue le cœur d'Ulysse se déchire et ses narines se gonflent : saisi d'une vive émotion, le héros se précipite dans les bras du vieillard, le couvre de baisers et lui dit :

 321 « Mon père, c'est moi, c'est ton fils, celui que tu regrettes, et qui, après vingt années d'absence, revient enfin dans sa chère patrie ! Ô mon père, sèche tes larmes et retiens tes sanglots ; car j'ai à te dire (et le temps nous presse) que je viens d'immoler dans mon palais tous les prétendants de Pénélope, que je viens de châtier l'insolence de ces jeunes princes, et de les punir de leurs forfaits odieux ! » Le vieux Laërte lui répond aussitôt :

 328 « Si vraiment tu es mon fils, mon Ulysse bien-aimé, montre-moi donc quelque signe certain qui puisse m'en convaincre. » L'ingénieux Ulysse réplique en ces termes :

 331 « Eh bien ! contemple de tes propres yeux la cicatrice de la blessure que me fit jadis, sur le mont Parnèse, un sanglier aux dents d'ivoire lorsque j'allai, par ton ordre et par celui de ma mère, auprès d'Autolycus, mon aïeul maternel, pour chercher les dons qu'il avait promis de me donner quand il vint à Ithaque. Mais pour dissiper tes doutes, ô mon père, je vais maintenant te désigner, dans ce magnifique jardin, les arbres que tu me donnas pendant mon enfance lorsque je t'accompagnais sous ces beaux ombrages et que tu me disais le nom des arbres de ton jardin. Tu me fis présent de treize poiriers, de dix pommiers et de quarante figuiers ; tu me promis en outre cinquante treilles de vignes dont chacune était chargée de grappes diverses qui mûrissent lorsque les saisons de Jupiter descendues des cieux s'appesantissent sur elles. » A ces paroles et à ces indices, le vieillard sent ses genoux trembler et son cœur défaillir ; car il vient de reconnaître son fils. Il se jette en chancelant dans les bras d'Ulysse, et le héros soutient son père prêt à s'évanouir.»

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